Lectures

Dans la série livres cultes j'avais bien 1984 ou quelques S. King mais vu que c'est plutôt connu et que ça a déjà été évoqué, j'opte pour une trilogie qui, sans être "culte", m'a vraiment séduit.

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A la base je cherchais quelque chose sur la légende arthurienne mais dans un style relativement moderne (le genre Chrétien de Troyes n'étant pas trop ma tasse de thé). L'auteur est Bernard Cornwell dont voici le site officiel.

Donc, petit résumé histoire de voir de quoi ça parle !

En fait, le narrateur est Derfel, ancien esclave saxon, recueilli par Merlin et élevé à Avalon, qui raconte l’histoire d’Arthur – dont il est devenu l’un des guerriers – à une jeune noble qui voit dans tout cela des histoires merveilleuses et romantiques (elle fait d'ailleurs changer des passages de l’histoire par son traducteur, au fur et à mesure que Derfel l’écrit, afin d'embellir le tout).

L’accent est mis sur l’aspect politique et religieux : diplomatie, croyances, complots, batailles sont au centre de l’histoire. Le style est plutôt réaliste, les combats violents, les comportements parfois cruels.

Derfel est l’ami de Nimue (dont il est amoureux également), la maîtresse de Merlin. La magie est présente mais en fait elle est très terre-à-terre (pas de « boule de feu » qui jaillit d’un bâton ou de truc comme ça). Pour donner un exemple, à un moment, Nimue met en fuite des ennemis qui tentaient de s’introduire dans les appartements de Merlin pendant son absence. Pour cela, elle apparaît en transe, hurlant, tenant des serpents dans ses mains, ayant attaché une chauve-souris dans ses cheveux, elle est également nue et badigeonnée de sang de bœuf (super glamour quoi), bref, l’apparition est effrayante et les « méchants » prennent la fuite.

Quand Nimue lui explique la « combine », Derfel est déçu :

- Mais, tout cela n’est que supercherie ? (il veut croire en la magie, en la puissance des Dieux)

Elle lui explique alors sa conception de la magie de cette façon :

- La magie opérait du temps où la vie des Dieux croisait celle des hommes, mais il n’appartenait pas aux hommes d’en décider. Je ne puis embuer cette pièce sur un simple claquement de doigt, mais cela arrive, je l’ai vu. Je ne puis réveiller les morts, mais Merlin assure qu’il l’a vu faire. Je ne puis ordonner à la foudre de frapper, bien que je le souhaite ardemment, seuls les Dieux le peuvent. Mais il fut un temps Derfel où nous pouvions faire ces choses là, où nous vivions avec les Dieux, nous les contentions et nous pouvions user de leurs pouvoirs pour préserver la Bretagne telle qu’Ils la souhaitaient. Nous exécutions leurs ordres, mais leurs ordres ne faisaient qu’un avec notre désir.
Ensuite, les Romains sont venus, et ils ont rompu le Pacte. Il nous faut refaire la vieille Bretagne Derfel, la vraie Bretagne, la terre des Dieux et des hommes, et si nous le faisons, leur pouvoir sera de nouveau avec nous.

- Mais il n’y a pas d’autres solutions que la supercherie ?

- Quand j’ai franchi cette porte, j’affrontai un Roi, son druide et ses guerriers, qui a gagné ?

- Toi.

- Ce ne sont donc pas seulement des trucs. Ce pouvoir appartenait aux Dieux mais il me fallait y croire pour qu’il puisse opérer. A chaque instant du jour et de la nuit, tu dois être ouvert aux Dieux, et si tu l’es, ils viendront. Pas toujours quand tu as besoin d’Eux, c’est entendu, mais si tu ne demandes jamais, Ils ne viendront jamais. En revanche, quand Ils répondent, c’est merveilleux, merveilleux et terrifiant, comme d’avoir des ailes qui t’élèvent dans la plus haute des gloires.

- Jamais je n’ai vu de Dieux…

- Tu en verras. Tu dois penser à la Bretagne, comme si elle était parée de rubans de brume de plus en plus fins. De simples fils ténus, ici où là, qui dérivent et s’estompent. Mais ces fils, ce sont les Dieux, et si nous parvenons à les trouver et à leur plaire, si nous leur rendons leur terre, alors les fils s’épaissiront et se rejoindront pour former une grande et merveilleuse brume qui recouvrira tout le pays et nous protègera de l’Extérieur.


Evidemment, mieux vaut lire ce passage dans son contexte pour le savourer pleinement. Je le trouve vraiment sublime, à la fois plein d’espoir et pathétique. L’auteur, loin de simplement faire de la magie une vague superstition, la rend réelle, palpable, il en fait l’expression de la foi des mages et de leur amour pour la Bretagne.

Sinon, au niveau de l’histoire en gros, en super résumé, au départ, Uther Pendragon meurt, son fils Mordred est trop jeune pour assumer le pouvoir (c’est un bébé) et 4 personnes sont chargées de veiller sur lui, dont Arthur (bâtard d’Uther) qui, à ce moment, est en Armorique (la Bretagne française donc). L’un de ceux qui avaient prêté serment, Gundleus de Silurie, tente alors d’assassiner Mordred. Derfel parvient à le sauver et à s’enfuir avec Nimue et Morganne. Alors que Gundleus les rejoint et s’apprête à les massacrer, Arthur, enfin revenu d’Armorique, arrive et les sauve. Arthur en vient à prendre le rôle de « roi par interim » pourrait-on dire, puisqu’il s’engage à veiller sur le royaume tant que Mordred sera trop jeune pour régner. La Bretagne est néanmoins déchirée par des guerres internes incessantes et est, de plus, menacée par les Saxons. Pour unifier les royaumes, Arthur doit épouser Ceinwyn, la fille du roi Gorfyddyd du royaume du Powys. Malheureusement, Arthur croise la route de Guenièvre, la fille de Leodegan, un roi déchu et chassé de ses terres par les conquérants irlandais. Il l’épouse, brisant ainsi la promesse de mariage faite à Ceinwyn et mettant de nouveau le feu à la Bretagne.

Au niveau de la façon dont il est présenté, Arthur est en fait un grand chef de guerre, courageux, malin, craint et respecté. Il est diplomate, bon, juste, il prend soin des gens qui l’entourent. C’est un passionné, il est néanmoins parfois un peu manipulateur. Par contre, d'autres personnages "connus", dont on pouvait avoir une idée préconçue, sont plutôt surprenants, Lancelot notamment.

Au début, j’étais un peu déçu que le narrateur soit un inconnu, mais on s’attache très vite à Derfel qui connaît un destin hors du commun. L’histoire est passionnante, réaliste (je veux dire par là que ce n'est pas de l'heroic-fantasy), pleine de rebondissements, et les relations entre les personnages, nombreux, sont complexes et subtiles. Le livre est parsemé d’éléments historiques, de croyances et coutumes, de « tranches de vie », qui rendent l’ensemble crédible. L’affrontement entre chrétiens et adeptes de l’ancienne religion est notamment très présent.

Bref, du très très bon roman !
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enorme ton poste !!

fin, je l'ai pas lu (quel con) mais il est l'air d'être sympa

"Sting. Sting would be another person who's a hero. The music that he's created over the years - I don't really listen to it. But the fact that he's making it, I respect that."

Hansel, Zoolander
 
Reiben said:
Voilà, je sais bien que ce topic est aussi là pour parler d'autre chose que de Maiden mais j'ai une question. J'aimerai acheter une biographie de notre groupe favoris ceci dit, je sais pas laquelle choisir. "L'épopée des killers" me tente bien mais je sais pas si ca vaut le coup ?

Si vous avez des conseils, je suis preneur, merci !

J'ai fini le livre en question. Très bon livre, on y apprends pas mal de trucs, en particulier sur les premières années. L'auteur doit considérer qu'après 1982, tout le monde sait tout et que c'est pas la peine d'en dire plus. J'avoue que j'aurais aimé quelque chose de plus détaillé que "et ils enregistrent 4 albums magnifiques en faisant des grosses tournées". On a un peu l'impression que lorsqu'il n'y a pas de changement de personnel, il ne se passe rien...

Pour la traduction, comme je l'ai dit, on a pas à faire à un grand classique de la littérature Anglo-Saxonne, il n'y a donc pas crime. Ça ne fout pas mal à la tête comme l'infâme Iron Maiden de Juan A. Fabian, à grand renfort de "Métal Lourd" et autres traductions Google. A noter que ce dernier ouvrage contient toutefois de très belles photos...

Alors, j'ai relevé :
- Le sigle NWOBHM qui n'avait pas besoin d'être traduit par NVHMA.
- L'utilisation du mot "moyen-âgeux" qui me fait toujours dresser les poils sur tout le corps. Chez moi, on dit "médiéval".  ::)
- Palme d'or à double bass drum traduit par "double fût de basse" :scared: Au secours !

Mais ça reste un livre plaisant et instructif. 300 pages avalées en un rien de temps !  ;)
 
Pour ce qui est de médiéval et de moyen-ageux, je me trompe peut-être, mais il me semble que "moyen-ageux" est un mot réthorique et "médiéval", scientifique.

Je veux dire par là que "moyen-ageux" sert plus à désigner, un peu ironiquement, un vieux machin, tandis que "médiéval" aura plutôt sa place dans une thèse sur (par exemple :D) l'emergence de la notion d'obligation contractuelle au XIVe siècle.

Sinon, je vous conseillerais bien de lire :
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L'Euphorie Perpetuelle, par Pascal Bruckner, sur cette étrange tendance qu'a notre société de faire du bonheur et d'être heureux un devoir.
Trés bien construit, documenté (les références culturelles et citations sont légions) et argumenté, ce livre fait un parallèle étonnant entre bonheur et déclin de la religion.
Pour ceux qui sont dépressifs et fiers de l'être (les gens qui écoutent Unto Ashes, par exemple :D), ainsi que tous ceux désireux de prendre un peu plus de recul par rapport au monde qui les entoure.

Je vais essayer de me procurer maintenant Le Maitre du Haut Chateau et Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques, deux nouvelles du maître Philip K Dick, la seconde ayant d'ailleurs largement inspiré le film Blade Runner.
 
Iron Farmer said:
Pour ce qui est de médiéval et de moyen-ageux, je me trompe peut-être, mais il me semble que "moyen-ageux" est un mot réthorique et "médiéval", scientifique.

Je veux dire par là que "moyen-ageux" sert plus à désigner, un peu ironiquement, un vieux machin, tandis que "médiéval" aura plutôt sa place dans une thèse sur (par exemple :D) l'emergence de la notion d'obligation contractuelle au XIVe siècle.

C'est exactement ça !

Au delà de ça, j'ai été élévé au grain médiéval et du coup même l'utilisation ironique me titille. Le Moyen-Âge n'est pas l'époque obscure que l'on imagine. C'est au contraire une époque riche et prospère, aux nombreuses innovations.

Un très bel exemple de vulgarisation : Jacques Le Goff, Le XIIIe siècle, l'apogée de la Chrétienté.

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Tout est dans le titre. De magnifiques illustrations et un texte signé du boss de l'Histoire Médiévale !
 
@Lib : Merci, je vais voir ca pour noël :).

@Iron Farmer : C'est marrant, j'ai commencé aussi de lire Blade Runner. Commencé seulement puisque je me suis finalement arrêté pour lire Dune. En parlant du film, il y a récemment une edition director's cut qui est sortie, remasterisée, etc... A acheter immédiatement ! :p.

Si t'aime ce que fait Dick, je te renvoie à mon post un peu plus haut concernant "Substance Mort", un de ses tout meilleurs bouquins, d'après la presse et les fans (j'en ai pas lu assez pour confirmer, ceci-dit, il est très très chouette).
 
Il y a une rumeur selon laquelle en 2007 sortirait un coffret "25e anniversaire" renfermant un montage (il y en a de nombreux, le film ayant été le jouet des flots commerciaux) inédit du film.
Si tu voues un culte au film, je te conseillerais donc d'attendre un peu. Et si cela s'avère finalement n'être qu'une rumeur, au moins le prix du director's cut aura-t-il entre-temps baissé ;)

Et merci du conseil pour le bouquin, je vais faire une escale à la fnac d'ici peu ^^
 
Lib said:
C'est exactement ça !

Au delà de ça, j'ai été élévé au grain médiéval et du coup même l'utilisation ironique me titille. Le Moyen-Âge n'est pas l'époque obscure que l'on imagine. C'est au contraire une époque riche et prospère, aux nombreuses innovations.

Un très bel exemple de vulgarisation : Jacques Le Goff, Le XIIIe siècle, l'apogée de la Chrétienté.

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Tout est dans le titre. De magnifiques illustrations et un texte signé du boss de l'Histoire Médiévale !
Pour moi, Le Goff n'est pas l'auteur le plus récent et le plus "moderne" sur l'histoire médiévale, mais bravo pour cette simple intervention.
NON! Le Moyen-Âge n'était pas une période sombre pendant laquelle les Seigneurs passaient leur temps à se faire la guerre.
NON! Le Moyen-Âge n'était pas une ère sans création.

Extraordinaire période de l'Histoire : création artistique audacieuse, commerce sur tout le pourtour de la Méditerranée et au-delà, développement intellectuel riche et novateur...
Dommage qu'on nous apprenne des bêtises à l'école...

Je vous conseille aussi ça :
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Ils n'avaient pas le maître du Haut Chateau, alors j'ai pris Minority Report.

Ne vous fiez pas aux apparences, il s'agit bien de la nouvelle de Philip K Dick (et non de quelque produit dérivé du film de Spielberg), accompagné de sept autres nouvelles, parmi lesquelles Nouveau Modèle, ou Second Variety en version originale, la terrifiante histoire ayant donné lieu au film Planète Hurlante.
 
Entre mes lectures sur la seconde guerre mondiale, Sciences & Vie, et Gaston Lagaffe, je viens de relire il y a peu La mort de Roland contenant Les chansons de Roland, Chanson de Guillaume, Chevalerie Vivien et Aliscans...

Ce sont ce qu'on appelle des chansons de gestes qui était conté oralement en vieux Français. La chanson de Roland raconte la mort de Roland (Neveu de Charlemagne) au combat lorsque l'armée des Francs affrontait les Maures vers 778.

Ces chansons épiques se lisent comme de la poésie. La validité historique de ces récits est quelque peu érroné du fait que ces chansons sont contés d'un point de vue héroïque et épique où la religion sacralise les chevaliers qui meurent au nom du Christ (période des croisades)...

N'empêche que ces récits épiques sont très plaisant et beau à lire....

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Tibobass said:
Entre mes lectures sur la seconde guerre mondiale, Sciences & Vie, et Gaston Lagaffe, je viens de relire il ya peu La mort de Roland
Tu as vu l'article sur l'homme de Florès dans le dernier Sciences et Vie? Passionnant! :smartarse:
 
JackKnife said:
Tu as vu l'article sur l'homme de Florès dans le dernier Sciences et Vie? Passionnant! :smartarse:

Fan de Tolkien je savais bien que les Hobbits avaient peuplé notre terre anciennement appelée la terre des Millieu, à moins que l'île de Flores ne soit en fait la planète Dagoba et qu'on ait retrouvé les ossements de Maître Yoda. Les descendants de ce peuple de petite taille nous entourent encore aujourd'hui, je pense notement à notre ministre de l'intérieur qui manifeste un lien de parenté intriguant..... :p

Sinon plus sérieusement j'ai trouvé aussi cet article passionnant, reste à distinguer ce qui tiens du mythe et de la véritable histoire des éspèces humaines.... Si ça se confirme se  serait  vraiment incroyable que cette espèce est côtoyé la nôtre jusqu'au XIIe siècle sans que l'on en ait connaissance...

De toute façon il est probable que de tel découverte se renouvelle, on n'a pas fini de découvrir les chemins diverses qu'a pris l'évolution pour en arriver à l'homo sapiens!

P.S: Pour les amateurs d'observation ne pas rater Saturne  qui est très près de nôtre planète bleue tout ce mois de février.
 
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